La Modernité Visuelle des Premières Sculptures Modernes Chinoises

LA MODERNITE VISUELLE DES PREMIERES SCULPTURES MODERNES CHINOISES  REVIEW 22.7.2024

Exemple des Œuvres du Sculpteur YAN Dehui de la République de Chine

He Yue

Numéro de l’article : 1002-8900(2024)01-0160-04

La modernité visuelle s’entend comme la transformation des valeurs provoquée par des mutations historiques, entraînant un changement des langages formels de l’art.

Dans le contexte de la révolution Xinhai de 1911, du mouvement de la Nouvelle Culture et du mouvement du 4 mai, la diffusion rapide des concepts modernes en Chine a accéléré la transition de la société traditionnelle vers une société moderne.

1. Héritage de la sculpture traditionnelle en bois et éclosion de la transition moderne

YAN Dehui (1908-1987), né à Yongjia, Zhejiang, région renommée pour la sculpture traditionnelle en bois de buis, a été formé par le maître sculpteur Zhu Zichang. Zhu Zichang (1876-1934) était un artiste éminent de la fin de la dynastie Qing, célèbre pour ses sculptures en bois représentant des personnages traditionnels. Ses œuvres comme « Colin-Maillard » ont remporté des prix internationaux, attirant l’attention et augmentant la renommée des sculptures en bois de Yongjia. Les thèmes traditionnels incluent les figures bouddhistes et taoïstes, les histoires mythologiques populaires, les personnages littéraires chinois, les personnages historiques, la beauté féminine et les enfants. Les premières œuvres de YAN Dehui, telles que les sculptures en bois de santal « Ji Gong » et « Guanyin » présentées en 1928, montrent son adhésion à ces thèmes traditionnels.

Avec la transition culturelle et sociale, les artisans ont commencé à se tourner vers des thèmes de la vie quotidienne, représentant la vie des citoyens ordinaires, comme les personnages des « Figurines d’argile de Zhang » à Tianjin. Zhu Zichang a élargi ses sujets pour inclure des scènes de la vie et des interactions humaines. En 1926, il a été invité à enseigner à l’Académie des Beaux-Arts de Shanghai, où il a découvert les méthodes académiques occidentales et l’étude de l’anatomie humaine. Cette influence a également conduit YAN Dehui à recevoir une éducation artistique académique occidentale, posant les bases de sa future transformation artistique.

2. L’illumination de la sculpture moderne replace by :

2. La pensée des Lumières dans la sculpture moderne

Au début du XXe siècle, le mouvement de la Nouvelle Culture en Chine a promu la libération de la pensée, la démocratie et la science, s’opposant ainsi au féodalisme. En 1919, Chen Duxiu et Lu Xun ont préconisé que l’art devait rompre avec la tradition et adopter le réalisme scientifique occidental, vu comme une étape nécessaire pour le salut et le renouveau de la nation. Cette « révolution artistique » a été la marque de la transformation de l’art chinois vers la modernité. Cependant, certaines figures intellectuelles, influencées par le déclin de la pensée occidentale après la Première Guerre mondiale, doutaient de l’efficacité de la science pour réformer les conceptions de la vie. En 1922, le sculpteur Xu Shiqi a exprimé des inquiétudes quant à la civilisation rationnelle moderne occidentale, soulignant l’importance de l’art pour sauver les âmes par ses valeurs émotionnelles.

Dans les années 1930, malgré les résistances traditionnelles à la représentation du corps humain, YAN Dehui a défié ces conventions en publiant des sculptures de nus. Les perceptions du corps différaient entre les traditions chinoise et occidentale, la première prônant une harmonie avec l’environnement, tandis que la seconde considérait le corps comme un objet visuel à explorer. La sculpture moderne du corps humain a favorisé la diffusion des idées d’humanisme, de démocratie et d’égalité, répondant ainsi aux aspirations de la pensée des Lumières du mouvement du 4 mai.

3. La quête des valeurs populistes

Le populisme est une caractéristique de la modernité, lié à l’humanisme de la Renaissance occidentale et aux idées des Lumières. Dans les années 1930, l’art pour le peuple en Chine avait diverses orientations, promouvant l’éducation esthétique pour tous les citoyens. L’art devait refléter les réalités sociales des classes inférieures avec compassion et humanité. YAN Dehui a été influencé par ces idées, ses œuvres représentant des travailleurs et des leaders populaires comme Gandhi et Sun Yat-sen, soulignant leur rôle dans la modernisation et la lutte contre la domination impérialiste.

4. Fusion entre Orient et Occident, héritage et création

Dans les années 1940, l’importance de la culture traditionnelle chinoise a progressivement attiré l’attention du monde intellectuel qui s’est efforcé de collecter, protéger et promouvoir le patrimoine culturel. En 1938, Yan Dehui est allé étudier en France. Se trouver en pays étranger lui a fait ressentir l’importance de son identité nationale, en particulier lorsqu’il a vu des œuvres chinoises dans les musées européens. Son œuvre « Lin Daiyu Enterre les Fleurs » exposée en 1948 à Paris, inspirée de la littérature classique chinoise, illustre la fusion des techniques réalistes occidentales et des thèmes traditionnels chinois.

Conclusion

L’analyse des œuvres de YAN Dehui montre que la transition vers la modernité visuelle de la sculpture chinoise s’est faite progressivement dans le contexte de la modernisation sociale, influencée par la pensée des Lumières, la culture populiste, les idées artistiques académiques occidentales et les concepts culturels traditionnels chinois. La pratique de la sculpture moderne est marquée par des contradictions internes et une riche diversité, caractérisée par une intégration des techniques artistiques occidentales avec les thèmes traditionnels chinois, inaugurant une nouvelle ère de la sculpture moderne chinoise.

Références :

1. Pan Gongkai. « Les Quatre Grands Courants et la Transformation de la Modernité dans l’Art Chinois » [M]. Beijing: People’s Publishing House, 2010:4.
2. Jin Xiaodong. « Wu Dai and Cao Yi Carve Boxwood » [J]. Shanghai Arts and Crafts, 2008 (1).
3. Xu Shiqi. « What is the Life of Art? » [J]. Jinde Quarterly, 1924 (2).
4. Zhou Xian. « Critique of Aesthetic Modernity » [M]. Beijing: The Commercial Press, 2005:44.
5. Wang Hui. « Reheating Dead Fire » [M]. Beijing: People’s Publishing House, 2000:94.
6. Leo Ou-fan Lee. « The Pursuit of Modernity » [M]. Beijing: People’s Literature Publishing House, 2010:124.